Lettre No 12
7 octobre 2023 | histoire, Lettre, patrimoine | Histoire, Patrimoine, Saint Juvat, Tourisme

Nous nous sommes déjà rendus ensemble dans la commune de Saint-Juvat, pour rencontrer Armel Hédé, sujet de notre lettre No 5. En traversant le bourg, l’église et les bâtiments du centre avaient attiré notre attention.
Nous voila donc de retour, pour vous faire découvrir le village et son histoire. En cherchant des informations concernant la commune de Saint-Juvat, qui fait partie du canton d'Evran, de l’arrondissement de Dinan et du département des Côtes d'Armor, vous trouverez probablement comme introduction, quelque chose comme “Saint-Juvat une commune de Bretagne riche en histoire”.
Allons à la recherche de cette histoire !
Son nom d'abord. Les opinions divergent entre un saint du IVe siècle, Saint-Juvat (ou Juvad), directeur de conscience de Sainte Ursule, fille d'un roi Ecossais, qui périra avec 11.000 vierges, à Cologne le 21 Octobre 383 martyrisées par les Huns; ou Judual prince de Domnonée, qui vivait à la cour du roi de France pour éviter de se faire assassiner par son beau-père, Canao. Finalement Judual est revenu et Canao a été évincé, mais je vote pour le Saint du IVe siècle.
A l’époque romaine, Saint-Juvat faisait partie de la province de Gallia Lugdunensis, créée entre 16 et 13 av. J. -C. et nommée d’après le nom de sa capitale Lugdunum (Lyon). Le territoire de cette province s’étendait grossièrement entre la Seine et la Marne au nord et la Garonne au sud. Des villes comme Le Mans-Suindunum, Rennes-Condate, Nantes-Condivincum, ou Corseul – Fanum Martis en faisaient partie. Saint-Juvat se trouvait sur le passage d’une voie Romaine importante (Rennes -Saint Malo) le long de laquelle de nombreuses villas romaines se développèrent.
Il est confirmé par des recherches archéologiques que cette région était déjà habitée aux âges de bronze et de fer, et probablement bien avant, comme une grande partie de la Bretagne.
La paroisse de Saint-Juvat pourrait remonter au VIIe siècle, avec, probablement comme lieu de prière une chapelle seigneuriale, plus petite, au même endroit. L’église, plus ou moins telle que nous la connaissons, apparait pour la première fois dans un acte de cession aux moines de Léhon en 1156 sous le nom “Ecclesia Sancti Juvati”; elle est encore citée en 1181 et 1187. À l’initiative des seigneurs de la Motte de la Vallée ( dont les armoiries sont gravées sur un des piliers coté sud) elle est rénovée, en 1364, puis remaniée aux XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles.
Je cite brièvement Mathurin E. Monier pour expliquer l’intérêt de cette église et sa structure étonnante “L'Eglise ….au chœur moins élevé que la nef, est intéressante par son assemblage d’éléments de plusieurs époques. On y pénètre par le petit porche sud meublé de banquettes de pierre ou par une autre porte, ornée d'un écusson effacé, percée du même côté, au niveau du chœur. La sacristie joignant cette entrée date de 1842. … Des vitraux modernes à dessins géométriques versent ici une lumière multicolore (voir photos). Le Maître autel possède un retable à baldaquin. A droite et à gauche se tiennent les statuts de Saint-Juvat et Saint Sébastien… L'autel de la Vierge avec sa statue datant de 1867, est de même style que l'autel principal …”
Allez-y ! C'est un endroit vraiment unique comme les photos ci-dessous essayent de le montrer. L’église n’étant plus en service, il faut récupérer la clef à la Mairie qui est toute proche.
Notons aussi qu'une léproserie exista dans le village suite aux épidémies du XVIIe siècle, dont celle de 1638, qui eu pour résultat 116 décès. Il existe toujours un bâtiment et une rue de la « Maladrerie ».
Yvonne Jean-Haffen, l'artiste dinannaise bien connue a fait quelques très jolis dessins de l'Église et de ses environs.
Le village connaît une période de croissance économique rapide au XIXe siècle grâce à des industries variées, en particulier textiles, tanneries et minoteries. C'est toujours visible par le nombre important de grandes maisons bourgeoises proches de l'Eglise et dans les environs du centre. La plupart sont malheureusement délabrées et des habitants, rencontrés par hasard dans la rue, alors que je faisais des photos, semblaient s'en désoler. Il est vrai que la vallée de la Rance et son bassin hydraulique dans son ensemble furent affectés par la disparition successives de nombreuses industries, et l’apparition de nouvelles.
Je cite, une fois de plus Me Maogan Chaigneau-Normand, professeur à Rennes, et son ouvrage » La Rance Industrieuse » : ‘de nature multiple, l’industrie (note: mise en place dans le bassin de la Rance), est intimement liée à son territoire, dans les plis duquel elle se glisse… certaines activités se placent dans la continuité de métiers déjà existants et dont la tradition remonte à des périodes plus ou moins anciennes. Le textile, la meunerie, le travail du cuir sont considérés comme des métiers « ancestraux’, la fabrication des cordages et celle de la bière apparaissent à partir du XVIIe siècle. La construction navale à la fin du XVIIIe. …d’autres industries sont inédites, comme la fabrication du papier, celle de .l’huile, du sucre, des briques, des tuiles et de la chaux »
Saint-Juvat est donc de nos jours considérée comme une commune rurale en raison de sa densité très basse et l'importance des terres agricoles qui occupent 98.3% de sa surface totale en 2018. Sa population était de 638 personnes en 2020, en baisse constante.
En ce qui concerne le futur, j'ai cru comprendre qu'il y a un projet, associé à un budget, pour rénover l’église qui en a bien besoin. Saint-Juvat est dans la mouvance d'Evran et de Dinan ce qui devrait avoir un impact sur son développement.
Nous y reviendrons!
J’en profite pour remercier le personnel de la Mairie, qui a été très utile aussi bien au téléphone qu’en personne.