Lettre No 9
6 août 2023 | Lettre, Promenade | Histoire, promenade, Rance, Tourisme

Vous l’avez compris en voyant l’image de couverture de cette lettre, nous allons parler de la naissance de La Rance, de sa source, ses origines et des villages environnants. Combien d’entres vous, membres de vos familles et amis connaissent le nom de l’endroit et sa position sur une carte?
Vous, qui lisez ces lettres, connaissez la réponse, dévoilée il y a quelques mois.
La Rance a percé le granit dans l’ancienne commune de Collinée, sur la lande du Mené au lieu dit « La Plesse » à 258m d’altitude. Vous vous demandez pourquoi « l’ancienne commune »? En 2015, comme dans de nombreuses régions, il a été décidé de regrouper certaines communes afin, entre autres, de gérer les services en commun. Collinée est devenue une commune déléguée de la commune nouvelle du Mené le 1 janvier 2016. Les 7 communes qui ont voté pour le regroupement ( Collinée, St Gilles du Mené, St-Gouéno, Langourla, Saint-Jacut du Mené, Gouray et Plessala) ne forment plus qu’une. Le Mené est devenu la plus grande commune de Bretagne . Le Mené est un nom d’origine bretonne « Menez » qui signifie « montagne ». Cette commune se situe sur une partie des monts du mené, dont le point culminant est le Mont Bel-Air -339m, un site occupé par des être humains depuis la nuit des temps et un point de vue surprenant par beau temps. Je cite Amand Dagñet » Aux environs, sur toutes les hauteurs comme dans les vallons, on trouve fréquemment des vestiges de l’âge de Pierre: armes en silex éclaté et en pierres polies ; on trouve aussi des restes des époques gauloise et romaine… une voie romaine bien caractérisée, des traces d’une forge ou haut-fourneau gaulois ». » Le mont Croquélien, Le mont Carbilan. le Mont Carmel ( 300m, 303m et 348 m d’altitude respectivement) ainsi que les vallons qui sont au pied, doivent encore receler de nombreux vestiges des temps disparus ».
Collinée s’écrit en Breton » Koedlinez » et « Coètneiz » en Gallo. Il y a plusieurs explications étymologiques concernant ce nom: Coet(bois en breton » suivi de Linek ( linière, qui a a faire avec le lin).D’autres appellations ont été utilisées: Coithlinex,Coetlines, etc…
La plus simple explication du nom est probablement » la colline ».
La première mention officielle de la commune date de 1242 (Coetlinais) et concerne un accord religieux. L’église du village, Saint-Guillaume (XVe siècle) a été reconstruite de nombreuses fois, la dernière en 1991. Vous noterez le très joli extincteur au cœur de Collinée.
Apres avoir quitté Collinée, Le ruisseau se nourrit d’affluents et serpente entre des gros blocs de Granite, créant un paysage surprenant qu’on dénomme « Le chaos de Quémelin » en raison de l’aspect de cet endroit.
Avant de reprendre la poursuite des eaux plus loin, je voudrais citer, un écrivain poète, amoureux de la Rance, Amand Dagñet , que j’ai déjà mentionné pour son ouvrage » Petite histoire de la rance », qui s’interroge sur le nom donné à la Rance, quand? par qui?..
Il parait qu’en latin, son nom serait Rincius? pour moi, je le tirerais plutôt de la belle et triste histoire, fable, balade, ou légende, que j’ai apprise le long des prés ou coule d’abord notre Rincette.
LA BALLADE DE RANCELINE
Le Sol et la Source,
Un matin, là-bas,
Au pied de la Colline, Engendrèrent,
Au Temps lointain,
La Belle nymphe Ranceline
etc.
D’autres nymphes mais surtout des fées, dont l’environnement de prédilection sont les importants rochers des bords de Rance, ou elles viennent se baignent au coucher du soleil, sont mentionnées dans le légendaire local. Comme Margot la fée, nom générique de certaines fées dans les Côtes d’Armor, par exemple, où la fée Morgane. Certains voient un lien avec la « Morgain » des romans arthuriens. Près de Saint-Suliac, on parle de la fée du Bec du Puy. Le même légendaire suggère que la Rance est le résultat des pleurs de Gargantua après la perte de son épouse. La liste est très longue.
Quelques km plus bas, nous voila dans l’ancienne commune de Saint-Jacut du Mené, elle aussi englobée dans la commune nouvelle du Mené. Son nom est cité pour la première fois vers1163 dans un document papal la liant à Saint-Jacut-de-l’Isle(c’est à dire de la Mer). L’Eglise Saint-Jacut de Saint-Jacut du Mené, bien plantée au centre du village, date du milieu du 19e siècle. À quelques km, on trouve une chapelle proche du château du Parc Locmaria ,Saint-Jean-Baptiste et Saint-Antoine, qui date du 17e siècle et porte les armes de la famille du même nom. Le Patrimoine de cette Paroisse ne s’arrête pas là et comporte d’autres chapelles, plusieurs Croix et un assemblage de Menhir.
Assis dans l’herbe très verte entourant la source du petit fleuve côtier qui nous intéresse et que nous côtoyons tous les jours, on a tout d’abord du mal à croire qu’elle est à l’origine « d’un bassin hydraulique de 1084 kilomètres carrés » (voir » la Rance Industrieuse »).Par contre, on comprend mieux l’engouement , et dans certains cas, les passions, qu’elle peut susciter et pourquoi son légendaire est si vaste. Un passionné de la Rance et de ses environs c’est Amand Dagñët, cité plus haut, dont je vais emprunter quelques phrases pour décrire en détail les débuts du petit fleuve qu’on aime tant, et vous donner envie de lire les ouvrages de ce poète:
« Les sept petites, toutes petites sources de la Rance, sont toutes à 2 km environ de Collinée. Comme elles sont toutes d’égale importance à peu prêt, lequel des sept ruisselets doit porter le nom de fleuve? La chose n’est pas douteuse: l’un d’eux, celui qui est au milieu des sept, topographiquement parlant, sort d’une fontaine nommée Fontaine de la Rance; c’est donc une source qui est tout de suite considérée comme la principale, à cause de son nom; et les 6 autres, trois sur la droite et trois sur la gauche, viendront s’y joindre tour à tour, en aval de la petite fontaine. »
Nous reprendrons cette promenade le long de « notre petit fleuve » comme le nomme A. Dagñet.
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