LETTRES DU PAYS DE RANCE

Lettres du Pays de Rance Lettres et promenades

La mer des Faluns: un voyage dans le temps

Lettre no 6

16 juillet 2023 |  ,  |  , , ,

La mer des faluns: un voyage dans le temps  

Après la découverte d'Evran (lettre 3)  et  les moments très intéressants passés avec Armel Hédé à Saint-Juvat (Lettre 5) , je suis revenu dans cette partie du Pays de Rance, proche de la très ancienne « mer des Faluns” qui a recouverte, à plusieurs reprises, une partie de la France,  (il y a 16 à 3.5 millions d’années). Cette mer, peu profonde, laissa après, ses retraits, de nombreux fossiles. 

 

Les faluns n'ont évidemment plus de secrets pour vous, lecteurs, qui avez découvert dans la section “Les mots du Pays de Rance”, que ce nom masculin du XVIII siècle désigne “une roche sédimentaire calcaire composée de très nombreux débris coquilliers”,  qui a engendré le verbe faluner, ainsi que le nom féminin falunière.

La maison des faluns , maisondesfaluns@dinan-agglomeration.fr 

Pour approfondir nos connaissances concernant cette région et cette roche qui semblent jouer un rôle important dans la Bretagne qui nous intéresse, je n'ai pas hésité à faire un voyage dans le temps (des millions d’années, ce n'est pas rien en voiture), et visité  “La Maison des Faluns” qui se trouve au lieu dit Carmeroc, 47 route de “Le Quiou”,  22630 Tréfumel. J'ai bien fait, car le jour de ma visite, une pluie glaciale, tombait drue dans la campagne bretonne, la température avoisinant 15 c , alors que la mer des faluns offrait une température  de 26 c, 15 millions d’années plus tôt. 

Les photos ci-dessous et le lien du site de Dinan agglomération ci-dessus, montrent le côté éducatif de cet établissement, qui offre des promenades guidées dans la campagne voisine qui était noyée au Miocène moyen, ainsi que des fouilles archéologiques encadrées,  pour les petits et les grands. Voila une activité  peu courante pendant les vacances. 

 

Les roches de faluns, bien que fragiles,  ont été utilisées pour la construction de nombreux bâtiments, et des activités agricoles, de l’époque gallo-romaine aux siècles suivants, comme les falunières qui existent encore, le confirment. Il y a des gisements de faluns en Anjou mais aussi le golf de la Manche, celui d’Aquitaine et celui de la Loire, ainsi que les fosses préalpines. On trouve les faluns de Bretagne au sud de Dinan (le calcaire de Quiou, Tréfumel, Saint-Juvat, Médréac et Plouasne), et à l’est près de Dingué.  Aux environs de Rennes, on exploitait le falun à Saint-Grégoire et d’autres localités proches.   

Cela nous mène à l’étape suivante de notre promenade, la visite de Tréfumel et du Château du Hac, ou cette roche a été utilisée. 

 

TREFUMEL  

Tréfumel est un petit  village de 283 habitants et une superficie d’environ 6 km2, avec une longue histoire qui remonte au Ve siècle. Son nom, qui signifie probablement “le village de Fermael”, a évolué du Ve au XIIe siècle (Trefermel, Trefemel, Treffumel, etc.) pour être confirmé  comme Tréfumel en 1557. Une certaine prospérité au 17e siècle ( industries du lin et falun) , est encore visible par la qualité et l'ornementation des bâtisses de cette époque.

Alors que la paroisse de Tréfumel dépendait du diocèse de Saint-Malo depuis des siècles, après la révolution, en 1790, la première municipalité élue de Tréfumel est rattachée à Evran et devient chef-lieu de Canton. C'est, encore de nos jours, une commune rurale, avec 91.1% de terres  classifiées comme agricoles dont  74.8% considérées comme terres arables.

Ce village bénéficie d'un patrimoine historique important, dont l’Église Sainte-Agnès, construite au XIe siècle, remaniée aux XIVe, XVIe ,XVII et XVIIIe siècles. Comme les photos le montrent, cette église est tout simplement superbe. On peut y voir une vierge à l’enfant entourée de sainte Marguerite et saint Joseph, ainsi que saint  Sébastien, saint Blaise et saint Roch, parmi d’autres objets anciens. On y voit aussi une pierre tombale du XVe siècle aux armes des Hingant seigneurs du Hac.

parmi les autres On peut citer aussi, les manoirs de la Croix-Boisset et de la Rue-au-Comte, la Maison des Forges, la maison du Marais et celle du Bourg. 

 

Le château du Hac

Construit au XVe siècle par Jean Hingant, Chambellan du Duc de Bretagne, c'est une demeure privée, qu'on peut visiter (elle appartient à la famille Julien – Marc et Vanessa -qui réalisa en 10 ans une restauration exemplaire). A noter, la cheminée de la salle des banquets la plus grande de Bretagne, la voûte de la chambre de parade et les vitraux du XVIe et XVIIe siècle récupérés à  Milan pour être insérés dans les murs, ainsi que quelques meubles rares.  Le Jardin est superbe et l'aspect extérieur des bâtiments, éblouissant, en raison de l'utilisation de la roche de falun.

N’hésitez pas à visiter cet endroit charmant et intéressant  (visites guidées uniquements).

https:/chateaudehac.fr

 

Yvignac la Tour et ses environs

Finalement un petit crochet par Yvignac la Tour ( nous y reviendrons dans la lettre No. 7), un village proche à la fois de Tréfumel et de Saint-Juvat. 

On pense que le nom d'Ivignac (ou Eyvigniac, le nom évolua), dérive du Gallo-romain “ivino” qui correspond au breton “ivin”, qui signifie IF, en raison de la présence d’un tel arbre millénaire, probablement planté après la construction de la première  église au même  endroit. Ce fut une paroisse dès 1152 et on trouve en 1181 des documents mentionnant l’existence d'une église “eccclesia de iviniac”. Cette église, datant du XIe siècle , et probablement construite plus tôt, est l’une des plus intéressantes du département (voir photo), en raison de sa tour qui donna son nom au village. Elle est attribuée, en partie, à l’ordre des Templiers, qui étaient très puissants dans cette région à cette époque. Nous entrerons dans la détails dans la Lettre No.7.

Le voyage dans le temps continue donc grâce aux recherches listées  dans « La carte archéologique de la Gaule-cotes d’Armor », qui confirment la présence ininterrompue de populations dès le second âge du fer. Au fil des siècles on trouve des sculptures, des tessons de céramiques, des tuiles et des briques, ainsi que les bases de murs  de l’époque Gallo-Romaine, certains colorés en rouge d’autres en bleu. Les murs des habitations étant faites de gros sable et de chaux teintée en rose.

Dans la campagne environnante,(des hameaux comme Kergu, Le Chatelet, ou bien Le gros chêne par exemple), les maisons datant du XVIIe siècle, et habitées de nos jours, sont construites essentiellement d’argile et très peu de pierres. On trouve aussi des fours à pain communaux,  du XVIIIe siècle, utilisés de temps en temps.  Au lieu dit pont Périnet, les cheminées du manoir existant suggèrent qu’il date du XVe ou XVIe siècles.

 

Maison avec étage, datant de 1654 avec un base en pierre importante pour soutenir l’étage

four a pain communal

 

Encore une région peu connue a visiter avec une bonne carte, de bonnes chaussures et de quoi se désaltérer. A bientôt avec la Lettre No 7.

 

Après plus de trente années passées sur les bords de la Rance, d’abord en vacances, puis, plus récemment, comme résident, j’ai eu envie de partager mes impressions concernant cet endroit unique, sous la forme d’une lettre, illustrée, hebdomadaire dans un premier temps, adressée aux résidents et visiteurs de cette région superbe, en plein développement.

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